dimanche 1 février 2015

Interview d'Insanity Doll

Aujourd'hui j'aimerais vous parler d'un sujet qui me tiens particulièrement à cœur puisque c'est l'une des principales raisons qui m'ont poussé à me lancer dans le monde de la mode : le modelling alternatif. J'ai donc décidé de vous présenter quelques unes des modèles dont j'apprécie le travail, et il me fallait évidemment commencer par Insanity Doll.

J'ai découvert son travail il y a un peu plus d'un an au détour d'une page dédiée à la mode alternative. C'était une photo du shoot "Fight" (voir son Book 2013) mené par son ami Kok Leng. J'ai eu un véritable coup de cœur pour son univers, mêlant à chaque fois divers styles tant au niveau des tenues et des makeups que de la mise en scène et de l'ambiance de ses photos. Je l'admire énormément. J'ai donc pris mon courage à deux mains et je suis allée lui demander une petite interview.


Helvegen : Tu as commencé le modelling très jeune (à 16 ans je crois), est-ce que c'est tout de suite devenu une passion ?

Insanity Doll : Oui effectivement j'ai commencé en juin 2012, j'avais 16 ans. Ça a été un total hasard, puisque au départ c'était juste une journée au jardin des Tuileries avec des amis. Des photographes que mes amis connaissaient nous ont rejoints, et on a commencé à prendre la pose. Je me suis prêté au jeu et ça m'a tout de suite plu ; j'avais déjà l'habitude de faire des autoportraits, et le monde de la photo m'intéressait pas mal. J'ai lié des amitiés avec certains des photographes, qui m'ont proposé de faire d'autres séances, et c'est devenu immédiatement addictif pour moi.

H : Comment s'est passé ton premier shooting ? Etais-tu à l'aise devant l'appareil ou est-ce qu'il t'a fallu du temps avant de t'habituer ?

I D : Mon premier "vrai" shooting était effectivement un peu stressant, parce que je ne connaissais pas le photographe. C'était Fabrice Dang en l'occurrence, une personne adorable avec un univers bien à lui, qui sait ce qu'il veut et comment diriger. Il a su me donner les conseils qu'il fallait pour que je m'améliore. Mais c'est toujours un peu angoissant, quand on rencontre un photographe pour la première fois, de poser devant lui, car cela ne se résume pas à simplement faire des poses devant l'appareil : chaque pose, chaque regard, chaque geste, traduit et conduit des choses de nous, et dévoile qui on est. C'est une sorte de mise à nu. Au bout d'un temps on s'y fait, mais j'avoue qu'après deux ans à poser j'ai toujours quelques minutes de réticence lors d'un premier shooting.

H : Comment trouves-tu les idées pour tes shootings ? T'arrives-t-il d'avoir des "pannes d'inspiration" ?

I D : Mes idées viennent d'un peu partout, mais notamment pas mal de ma garde robe. Chaque vêtement que j'achète va me suggérer un ou plusieurs personnages capables de porter le vêtement. Ma seconde grosse source d'inspiration, ce sont les photos que je garde dans un dossier spécial de mon pc ; j’en ai pas loin de 800 à l'heure actuelle, et je les parcoure de temps à autres pour voir si de nouvelles idées naissent de tel ou tel détail. Je note tout sur un texte (la tenue, l'attitude, le maquillage, les cheveux) et je modifie si besoin après. Il ne m'arrive jamais d'avoir de pannes à proprement parler, puisque j'ai plus de 50 projets à faire, mais il arrive par contre que je ne sache pas lequel choisir ou lequel confier à un nouveau photographe. Il faut aussi que ça s'accorde à la météo et au lieu (urbex, extérieur, studio..).

H : Est-ce que tu pense que ta personnalité se transmet dans tes photos ? Y a-t-il des photos qui te correspondent plus que d'autres, au niveau de l'univers, où est-ce que tes shoots révèlent des faces différentes de ta personnalité ? (je fais par exemple référence au shoot "Innocence").

I D : Comme je l'ai dit plus haut, prendre la pose, c'est se mettre partiellement à nu, parce qu'on incarne tout de même des parties de soi même et que nos attitudes trahissent qui on est. Je pense que j'ai une personnalité à la fois très complexe et "variée", j'aime en même temps les ambiances très glauques, les regards durs, et les ambiances douces, les détails très mignons, le genre un peu "poupée". Donc il y a les séances qui révèlent mon côté dure et je-m'en-foutiste, et d'autres qui montrent mon côté doux. Le premier protège l'autre dans la vraie vie.

H : Est-ce qu'il y a des univers que tu n’as pas encore exploré mais que tu aurais envie de tenter ?

I D : Non je ne crois pas, je fais un peu le tour de plein de choses, mon univers continu à évoluer petit à petit au fil de ce que je vois, vis et fait. De toute manière, on ne cesse de changer d'une manière ou d'une autre. Je pense pouvoir encore bien surprendre avec les thèmes à venir.

H : Est-ce qu'il y a des modèles que tu admires, ou que tu apprécies particulièrement ? Pour quelles raisons ?

I D : Oui, il y a notamment Dani Divine, Starfucked, Peko Peko, Razor Candi, et beaucoup d'autres ; toutes ces filles sont belles, ont de la prestance, et elles m'inspirent beaucoup. Surtout Dani. J'adore cette fille, il se dégage d'elle quelque chose de fascinant je trouve.

H : Comment ressens-tu le fait qu'il y a des gens qui t'admirent, qui te considèrent comme un modèle ou un idéal féminin ? Est-ce que tu t'attendais à un tel succès étant plus jeune, et en commençant le modelling ?

I D : Ca me fait et me fera toujours bizarre je pense ; quand j'étais plus jeune je ne m'attendais pas à ça, c'était déjà énorme pour moi d'avoir 500 likes sur ma page, alors 10.000 ... et quand les gens viennent me témoigner leur admiration, ou le fait qu'ils me considèrent comme un / leur modèle, ça me fait vraiment plaisir et en même temps j'avoue ne pas savoir où me mettre car j'ai toujours été assez mal à l'aise face aux compliments. Je me dis qu'il y a quelques années c'était moi qui admirait les modèles, et allait les saluer en convention, prendre une photo avec etc. Maintenant c'est moi qu'on arrête en convention, parfois même dans la rue, pour me dire "mais je te connais, tu es Insanity, j'aime ce que tu fais !". Pour autant le "succès" ne m'a pas changé, même s'il a fallu qu'au fil du temps j'apprenne à mettre la barrière entre mon côté modèle, personnage public, et mon côté privé. Certains digèrent assez mal cette frontière, que finalement je dresse pour mon bien.

H : T'est-il déjà arrivé que certains shoots se déroulent très mal ? Pas du tout comme c'était prévu ? As-tu déjà eu des problèmes avec des photographes mal intentionnés ?

I D : Oui ça m'est arrivé, malheureusement. Il y en a eu un qui a tenté d'avoir une relation sexuelle avec moi, il m'avait fait boire (l'alcool a pour effet de m'endormir) ; un autre a décidé au dernier moment de ma tenue, et m'a dirigée de A à Z sur toute la séance, expressions du visage comprises. La catastrophe. Sur l'appareil je ne voyais pas bien ce que ça rendait, et c'est le jour où j'ai eu les tirages grand format qu'il a fallu que je lui fasse annuler le contrat et la publication, car les photos étaient tellement vulgaires qu'on aurait pu les trouver dans un magazine porno de bas étage. C'est probablement la seule fois où j'ai eu vraiment honte en regardant mes photos. Il y a bon nombre d'autres mal intentionnés, mais je les ai évités (avec le temps, on apprend à cerner les petites phrases, mots et attitudes qui trahissent leurs intentions).

H : Kok Leng est, je pense, un des photographes avec qui tu as fait le plus de photos. Comment vous-êtes vous rencontrés ? Quel a été votre premier shoot ensemble ? Qu'est-ce qui te plaît dans son univers photographique ?

I D : A ce jour, Kok Leng et moi avons fait 47 séances ; nous nous sommes rencontrés il y a un an et demi, quand j'ai passé une annonce sur mon Facebook, disant que j'étais libre pour faire une séance photo (en l'occurrence celle sur les rails abandonnés, avec une tunique et des rangers). Ca a direct collé entre nous, et de ce fait on a organisé rapidement d'autres séances. On a appris à se connaître au fil du temps, à anticiper ce que l'autre a en tête, il est devenu un de mes meilleurs amis, et au niveau photographique on aime dire que nous sommes un duo de choc. Ce qui me plaît avec lui, c'est qu'il est comme moi : il se diversifie, chaque séance est différente, sa retouche et l'ambiance des photos n'est jamais la même entre deux séances.

H : Tu fais des shoots rémunérés, du nail art et tu es actuellement en formation de tatoueuse. A terme, penses-tu vivre de toutes ces passions où veux-tu seulement les garder en complément d'une autre activité professionnelle ?

I D : Les shootings rémunérés étaient pour compléter mon travail de serveuse, ça arrondissait un peu le mois, et ça m'a permis de mettre de côté ; le nail art ne m'a pas rapporté d'argent, je le garde en loisir pour me créer de beaux ongles. En somme, je vais continuer la photo à titre purement "personnel", peut être avec de nouveaux photographes puisque je change de région, mais le tatouage sera ma seule activité professionnelle.




Liens :

Facebook d'Insanity Doll

Book d'Insanity Doll

Ask d'Insanity Doll

Facebook de Kok Leng Photographe

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